On arrive alors aux deux jours les plus longs, ceux au dessus de 5000 m. On ne dort plus, le mal de tête est persistant, on n’a plus faim, plus soif, on a froid mais les paysages nous maintiennent en éveil. On part le matin à la frontale, et on essaie de suivre la lumière devant soit. Le pas est lourd, court et forcé, le souffle lui cherche désespérément un peu d’air, la tête est ailleurs, on sent juste le froid qui nous mord les doigts et les pieds.
Après deux jours sans dormir le corps dit stop, tu n’as rien pu avaler ce matin avant de partir, il fait trop froid pour sortir une barre de céréales, tu es obligé de t’asseoir cinq minutes sur un rocher. Le sommet est si prêt et si loin à la fois… Tu te demandes ce que tu fais là, et tu regardes autour de toi, tous ces gens qui luttent avec eux-mêmes, au courage, tu penses à tes proches, ceux que tu as emporté dans ton cœur, aux mots de Margo, GO, FIGHT, WIN, et tu retrouves une énergie intérieure qui dépasse les lois de la physique et qui t’emmène au bout de toi-même. Arrivé en haut l’émotion est grande, les nerfs lâchent, les larmes coulent, tu ressens cette atmosphère de grandeur que la montagne procure et puis tu te rappelles pourquoi tu es monté, la vue bien sûr, mais aussi le partage avec les autres.